« il faut miser sur sa singularité car c’est cela qui fait de nous un etre unique .. » Blick Bassy

si internet avait la force qu'il a aujourd’hui Je ne serai jamais parti du Cameroun

  Artiste à part entière : musicien, auteur/compositeur, écrivain… Comment vous est venue l’envie de devenir cet artiste ?
De manière naturelle , j avoue que rien n’a été calculé, tout cela fait partie de manière évidente de mon parcours de vie. A partir du moment où l on écrit des textes, on est auteur ,passer le cap en écrivant un roman me paraissait logique dans ma démarche 

Est-ce que les débuts dans ce métier ont été facile ? Votre famille vous a-t-elle soutenu ?

Ahaha , pas facile car après mon bac j ai eu 3 bourses d études pour aller continuer mes études à l’étranger , j’ai refusé de partir car j avais en projet de créer mon groupe au Cameroun. C’est ainsi que j ai créée le groupe Macase Avec lequel je suis resté 10 ans. Au départ mes parents ont cru que j étais victime d’un ensorcellement ahaha, ne comprenant pas que je refuse de partir lorsque tous les jeunes en rêvaient.

Au départ mes parents ont cru que j étais victime d’un 

ensorcellement

A 17 ans il y’a eu votre premier groupe le jazz crew puis  Macase en 1996 qui a eu du succès au Cameroun et qui a reçu de nombreuses récompenses notamment le Prix RFI Musiques du Monde. Pourquoi une carrière solo par la suite ?
Je voulais aller à la rencontre d’horizons divers après 10 ans passé dans cet incroyable projet qu’était Macase. Je n’ai alors pu résister à l’appel qui était plus fort que mon envie de continuer avec ce groupe qui reste la base de la construction de ma démarche musicale

 

Pourquoi avez vous quitté le Cameroun ?

Je dis toujours que si internet avait la force qu’il a aujourd’hui Je ne serai jamais parti du Cameroun. voulant aller plus loin et me considérant comme un citoyen du monde appelé à le parcourir, j’étais obligé de partir .aujourd’hui je vis en France mais je peux compter les jours que je passe dans ce pays car étant tout le temps parti d’un lieu à un autre grâce à la musique

Pourquoi vous êtes vous installé en France et pas ailleurs ?

Hors mis le fait que lorsqu’on vient de la partie francophone de l’Afrique on pense d’abord à la France , Macase et moi avions déjà quelques contacts en France du coup il me paraissait évident de commencer par la.

On a déjà vu beaucoup d’artistes camerounais suivre la même voie que vous, c’est-à-dire tenter sa chance hors du Cameroun, en l’occurrence en France mais aussi beaucoup d’artistes n’ont pas forcément réussi dans cette voie. Quel a été votre secret de réussite ici ? Comment avez vous réussi à vous faire une place en France ?

Je pense que sincèrement que c’est ma démarche entrepreneuriale qui m’a sauvée ahaha. J’ai toujours considéré la musique comme étant un métier à part entière, à partir de cet instant il me paraissait naturel de faire une étude de marché une fois en France afin de comprendre l’environnement dans lequel j’avais décidé de plonger. D’autant plus que la société bouge grâce au progrès qui crée une mutation et un changement dans tous les domaines, dont celui de la musique.

 

j essaie à ma façon de sensibiliser les esprits à la conservation de nos langues. En plus c est ma première langue , il me paraît naturel de chanter en Bassa vu que je pense d’abord en Bassa

Vous avez sorti votre troisième album « Äko » en 2015. Parlez-nous un peu de ce petit bijou ?

C’est un album qui est arrivé au moment où j avais commencé une démarche spirituelle et identitaire quelques années plus tôt, en plus le fait qu’il m’a été inspiré par l’incroyable Bluesman des années 30 aux Us Skip James.

Le Bassa est au cœur de vos chansons pourquoi ce choix , Est ce par amour ? par revendication de vos racines ? Pourquoi ?

 Je pense qu’on a la chance d’avoir plus de 200 langues au Cameroun qui sont chacune liée a une tribu, donc à une histoire , à des traditions , à des richesses et Malheureusement le fait de pas avoir une langue officielle venant de ce patrimoine , j essaie à ma façon de sensibiliser les esprits à la conservation de nos langues. En plus c est ma première langue , il me paraît naturel de chanter en Bassa vu que je pense d’abord en Bassa

 

 

Alors qu’est-ce que ça fait de vous un de ses sons utilisé pour une pub Apple ? Sauriez-vous pourquoi ils vous ont choisi ?

C’est un plaisir énorme car cela vient juste contribuer à ma démarche d’acceptation de sa singularité.
Ma démarche est de dire aussi qu’il faut miser sur sa singularité car c’est cela qui fait de nous un être unique et sincère, et que lorsqu’on s’assume et qu’on est sincère envers soi même ,les autres le ressentent et trouvent cela beau. Je crois que C’est ce qui a poussé Apple à choisir un titre en Bassa ahaha

 

En  mai 2016 votre premier roman Le Moabi Cinéma voit le jour chez Gallimard l’histoire d’une bande d’amis qui revent d’occident ;
vous dénoncez les mirages de l’occident  quels sont ils ?  Pourquoi cette dénonciation?Afficher l'image d'origine

 

Bah j essaie de sensibiliser la jeunessedumboa de mon continent sur le fait que nous avons un continent ou tout est à faire. La véritable chance que nous avons est que nous assistons aux limites du model occidental que nous appliquons après la colonisation et qu’il est temps de construire nos pays en évitant de faire les mêmes erreurs que l’Occident au lieu de penser que le parais est ici, je voudrais qu’ils ouvrent juste les yeux afin de décider de construire notre paradis dans ce continent magique

 

 

La véritable chance que nous avons est que nous assistons aux limites du modèle occidental

Aujourd’hui certains pointent du doigt cette facilité qu’ont les camerounais de la diaspora à vouloir dénoncer les mirages de l’occident lorsqu’ils en ont bénéficié que dites vous à ces personnes la ?

Euh déjà bénéficier je sais pas trop ce que çà veut j’avoue. Je sais par contre une chose qui me paraît évidente : personne ne construira l’Afrique à la place des Africains.

 Regardons l’histoire du mondes et des différents peuples , les occidentaux, les arabes et tous ceux qui ont pratiqué l’esclavage ensuite la colonisation, avaient un seul et même but: asservir l’autre et le piller pour améliorer leur quotidien ….chez eux. Les chinois par exemple lorsqu’ils viennent cultiver le riz chez nous , ils le font pour renvoyer chez eux, faire avancer leur pays et nourrir leur’ population .

Il me paraît donc évident que c’est ce à quoi la diaspora africaine est destinée. Maintenant que cela lui soit reproché par sa communauté, alors je dis qu’il faut continuer à sensibiliser et à éveiller les consciences d’abord sur la définition de pauvreté et de richesses.

Ensuite redonner l’estime de soi ,par conséquent celui de son environnement afin que les populations apprennent à voir ce qu’elles ont sous les yeux.

Il y’a ceux qui dénoncent l’occident mais restent y vivre ceux qui dénoncent l’occident et accusent le système camerounais sans pour autant œuvrer à leur niveau à un changement et enfin ceux qui dénoncent pas seulement dans les livres mais sur le terrain au travers d’actions de quelle catégorie faites vous partis ?
Je pense qu’on a besoin des deux catégories. C’est la raison pour laquelle se cultiver passe aussi par la lecture et donc l’écriture. Éveiller les consciences à travers la musique, la poésie, L’art visuel ,le cinéma etc participe de manière indéniable à l’émancipation des peuples au même titre qu’être sur le terrain,

j’ai la chance d’appartenir aux deux catégories. Pour rappel j’ai créé un label au Cameroun depuis 2004, label à travers lequel j‘ai produit  Koppo, les Rap-conteurs et d’autres projets à venir.

Quelles sont vos prochaines actualités ? Ou peut on vous suivre ?

Je continue ma tournée jusqu’en Août 2017 et puis je commence à composer pour mon prochain album. Je gère également la plate forme de curation wanda-full.com pour sensibiliser les artistes sur l’auto entrepreneuriat et sur l’actualité autour de la musique .on peut suivre sur mon twitter, facebook , mon site BlickBassy.com.

Quel message souhaitez vous passer à la jeunessedumboa  ? 

   Rêvez , soyez ambitieux et persévérant , mais surtout penser à construire pour le long terme et donc solidement et ne vous laissez pas avoir par les solutions faciles qui souvent vous rattrapent tôt ou tard, mais surtout , assumez votre singularité et faites d’elle une force.

Un Mot pour la fin ?

J’espere vous croiser a un de mes spectacles partager un moment de vie et d’amour . Bissaï

 

Rêvez , soyez ambitieux et persévérant , mais surtout penser à construire pour le long terme

 

Catherine Assogo & Kate Mouliom 

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